Note du Fondateur, suite 2
Ce programme implique qu’on étudie les facultés qui permettent à un être vivant d’établir des rapports, de constituer des règles pour prévoir des comportements à venir et de faire émerger des solutions imprévues. En particulier, ce programme suppose l’investigation scientifique de cette faculté grâce à laquelle l’animal propose intérieurement un ensemble de solutions sans être obligé de les essayer extérieurement l’une après l’autre. Le prodigieux gain de temps qu’elle permet parait essentiel à la survie de certaines espèces et doit être étudiée pour sa valeur adaptative. De ces facultés, nous ne savons ni où elles sont situées, ni en quoi elle consistent exactement ; nous ignorons en quoi elles sont spécifiques des êtres supérieurs, nous ne savons même pas si elles existent sous une forme autonome. Le vaste domaine d’étude ainsi ouvert n’est pas désigné aujourd’hui que par des mots vagues, quasiment métaphysiques (raisonnement, “insight”, induction, analogie, cognition, etc …) ; il n’est couvert que par une multitude d’observations méticuleuses mais qui ne vient lier aucune théorie générale. Le but de la Fondation est de soutenir toutes les recherches qui permettront de rendre rigoureux et précis ce domaine fondamental mais encore peu exploré.
Nul ne peut savoir quelles disciplines seront les plus fécondes dans les années à venir pour l’étude de ce vaste domaine. toutefois, tout indique, à mon sens, que priorité devrait être donnée pour commencer à l’éthologie, à l’anthropologie et à la neurobiologie.
Dorénavant, les décisions scientifiques de la Fondation ne m’appartiendront plus ; c’est pourquoi j’ai voulu par cette note, formuler une fois encore, l’intuition qui m’y a conduit. Puisse cette Fondation à la fois servir le progrès des sciences et remplir le voeux de son fondateur.
H. FYSSEN, octobre 1979